[Réalisateur] Steven Moffat (1961 - ?)

Avant cela, le futur scénariste doit faire ses preuves. Steven fait ses études à l’université de Glasgow où il fait déjà partie de la station de télévision étudiante, la GUST ( Glasgow University Student Television). Après avoir obtenu son diplôme, Moffat travaille en tant qu’enseignant d’Anglais dans un lycée.

Le destin va entraîner le professeur Moffat vers les hautes sphères télévisuelles qu’il convoite tant pour atteindre son rêve. En effet, vers la fin des années 80, la série télévisée Highway se tourne dans le lycée dans lequel enseigne le père de Steven, Bill Moffat. Ce dernier en profite pour glisser aux producteurs l’idée d’une série que son fils écrirait. La production commande donc l’écriture d’un pilote à Steven. Sandra Hastie, productrice du show, s’enthousiasme au point de déclarer que c’est le meilleur script quelle ait lu de toute sa vie. Le projet se nomme Press Gang. L’histoire met en scène une équipe de lycéens chargée de tenir un journal local et collaborer malgré leurs différences. Le show a pour cœur de cible les adolescents et le succès est rapidement au rendez-vous. Steven Moffat officiera donc six saisons durant sur Press Gang entre 1989 et 1993 et raflera un BAFTA Award.

Un malheureux évènement va ensuite se révéler particulièrement inspirant pour la suite de la carrière de Moffat. En effet, au début des années 90, le scénariste est en plein divorce. Il va se servir de cette expérience afin d’écrire une nouvelle sitcom, Joking Apart. Cette nouvelle série est centrée sur les affres du couple et est en grande partie autobiographique.

En 1996, l’écossais va croiser la route d’une personne qui va donner un nouveau tournant à son existence. Au festival de télévision d’Edimbourgh, Moffat fait la connaissance de celle qui va devenir sa deuxième femme, la productrice Sue Vertue. Cette même année, il publie un livre sur Dr Who intitulé Continuity Errors qui va s’avérer décisif dans la manière dont Moffat orientera la série quand il en prendra les rênes en 2005.

Aux côtés de Sue Vertue, Moffat gravit les échelons de la BBC et va peu à peu s’imposer, de récompenses en récompenses, de succès en succès, comme le scénariste le plus incontournable de la télévision anglaise. Avant de dépoussiérer le Dr Who à partir de 2005, celui qui est écossais d’origine s’attaque de nouveau aux joies et peines des couples avec Coupling et Six Sexy.

Le rêve de Moffat débute donc en 2005. Après avoir attendu plus de quarante ans, son nom apparaît enfin au générique d’une des séries les plus populaires de Grande-Bretagne mais également du monde. En effet, le show possède une base de fans incroyable et très pointilleuse qui ne compte pas laisser cette institution anglaise qu’est Le Docteur entre de mauvaises mains.

Steven Moffat n’est pas prêt à faire du fan service et il le revendique. Sous sa direction, Dr Who prend une dimension plus sombre mais également plus érudite. Il opère un rajeunissement du Docteur et impose Matt Smith dans le rôle-titre. Le Dr Who prend alors une toute autre allure et le succès devient phénoménal imposant définitivement Steven Moffat comme un grand scénariste.

En amoureux transi des mythes britanniques, le natif de Paisley décide de dépoussiérer à nouveau deux grands classiques de la littérature et d’y apporter sa vision post-moderne. C’est ainsi qu’il remet au goût du jour L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde en 2007 (d’après la nouvelle écrite par Robert Louis Stevenson). La série baptisée Jekyll est un nouveau succès et lui permet d’asseoir encore un peu plus son pouvoir. Dès lors, Moffat est libre de faire tout ce qu’il veut et s’apprête à remettre en selle celui qui reste sûrement le héros de fiction le plus adulé en Grande-Bretagne, le monument Sherlock Holmes.

De la même manière utilisée pour Jekyll, l’écossais prend le personnage de Sherlock Holmes et lui donne un nouveau visage qui s’impose comme la nouvelle norme. Après James Nesbitt dans le rôle du maléfique docteur, il sort de l’ombre un acteur au nom imprononçable mais au talent fou, Benedict Cumberbatch. Son Sherlock devient vite une référence et remporte un succès mondial. Steven Moffat réussit un tour de force, imposer un visage marquant sur une des icônes les plus populaires de l’Angleterre, quasiment un joyau de la famille royale. Cumberbatch éclipse tous les autres interprètes du célèbre détective et le monde associe automatiquement cet acteur à la « gueule » étrange et fascinante au fin limier créé par l’écrivain britannique Arthur Conan Doyle au 19ème siècle.

Après une multitude de récompenses suite à son travail de modernisation de légendes telles que Dr Who, Jekyll ou Sherlock, Moffat fait ses premiers pas sur grand écran en adaptant un autre monstre sacré de la culture européenne, Tintin. C’est en 2007 que Steven Spielberg et Peter Jackson font appel à l’écossais pour écrire ce qui deviendra Les aventures de Tintin : Le secret de la licorne. Le long-métrage tourné en performance-capture est un nouveau succès et les suites doivent voir le jour prochainement.

Vincent Formica