[Réalisateur] Joseph Gilgun (1984 - ?)

Fort de cette expérience, Gilgun refuse de continuer des études dramatiques, trop académiques pour lui. Il monte sur les planches à plusieurs reprises et enfile notamment le costume de Charlie dans la pièce Borstal Boy. Mais l’arrêt de la tournée est un choc très violent pour l’acteur, d’autant plus qu’elle coïncide avec le divorce de ses parents. Complètement perdu, il décide, contre toute attente, d’abandonner son rêve de cinéma pour devenir plâtrier.

Ce revirement ne dure qu’un temps. Son retour à l’écran se matérialise en la personne de Paul Abbott, le créateur de Shameless qui lui offre un rôle dans la série. Sa passion retrouvée, il croise le chemin du réalisateur Shane Meadows. Cette rencontre va être décisive puisque ce dernier lui propose de rejoindre la troupe du film culte This Is England. Son personnage, Woody, skinhead et dandy, va très fortement marquer les spectateurs britanniques, lui permettant de revenir pour This Is England ’86, ’88 et ’90.
En 2011, les producteurs de Misfits font appel à lui pour succéder à Robert Sheehan. Malgré la pression de remplacer un personnage très apprécié, il tient le pari des scénaristes, grâce à Rudy, un marginal capable de se scinder en deux qui lui permet de proposer un éventail de jeu large et subtil.

Souvent choisi pour des personnages dérangés et dérangeants, il incarne un prisonnier psychopathe dans la prison spatiale de Lock Out. Pourtant, en 2015, c’est dans un rôle à contre-courant qu’on le retrouve : dans Pride, il devient l’activiste timide Mike Jackson, membre fondateur du groupe LGBT venu en soutien aux mineurs en 1983. Le vrai Mike Jackson a d’ailleurs salué à plusieurs reprises la prestation de Gilgun. Par la suite, Vin Diesel et Rose Leslie l’accueillent à leurs côtés pour Le Dernier Chasseur de Sorcières et il est aussi au casting de The Infiltrator avec Bryan Cranston.

En 2016, Gilgun passe les auditions pour intégrer l’adaptation de la BD Preacher sur AMC. Tout de suite, Seth Rogen, le créateur, voit en lui l’incarnation parfaite de Cassidy, un vampire aussi bavard qu’insolent, enragé et alcoolique. Grâce à cet anti-héros qui lui ressemble beaucoup, il confirme son talent auprès du grand public.

Margaux Boichard