[Acteur] Will Smith (1968 - ?)

Ce succès musical attire l’attention d’Hollywood. En 1989, il fait la rencontre de Benny Medina, productrice exécutive pour la Warner, qui lui confie le rôle principal de la série télévisée Le Prince de Bel-Air, dont il interprète également l’entêtant générique. Durant six ans, il incarne un adolescent aux origines modestes envoyé par sa mère vivre chez son oncle et sa tante dans la banlieue aisée de Bel-Air. 

La popularité de la sitcom lui permet de débuter une carrière cinématographique. En 1992, il apparaît pour la première fois au cinéma dans Break Out puis enchaîne l’année suivante dans la comédie Made in America avec Whoopi Goldberg et Six degrés de séparation. C’est en 1995 que Will Smith explose au niveau international avec son rôle de flic casse-cou et séducteur dans le blockbuster Bad boys de Michael Bay.

L’année suivante, il confirme son ascension fulgurante en évoluant dans la superproduction Independence day (1996). S’appuyant sur sa gouaille et son talent pour la comédie, l’acteur afro-américain apparaît en tête d’affiche de longs métrages délibérément funs tels que la comédie de science-fiction Men in black ou Wild wild west, adapté de la série télévisée Les Mystères de l’Ouest. Will Smith est alors au top de sa popularité : au sommet du box-office, il domine aussi les charts après s’être lancé en solo dans la musique. Ses singles – souvent associés à ses films – Men in Black, Gettin’ Jiggy wit It, Wild Wild West et Miami, entre autres, sont des tubes.

Mais il prouve qu’il est également capable de jouer des rôles plus ambitieux. En témoigne sa présence aux génériques du thriller Ennemi d’Etat (2000) et de La Légende de Bagger Vance (2001), alors l’un de ses rares échecs au box office. Son étonnante composition du boxeur Mohammed Ali en 2002 lui vaut sa première nomination à l’Oscar du meilleur acteur. Pour les besoins du biopic de Michael Mann, le comédien prend 17,5 kg.

Il retrouve ensuite deux tandems iconiques de sa filmographie : celui qu’il forme avec Tommy Lee Jones dans Men in Black 2 (MIIB) en 2002 et celui qu’il constitue avec Martin Lawrence dans Bad Boys II en 2003. L’engouement du public pour le comédien et ces deux franchises ne faiblit pas puisque toutes les deux auront droit à un troisième épisode. Sorti en 2012, Men in Black III le projette dans les années 60, à la rencontre de l’agent K jeune, sous les traits de Josh Brolin. Quant à Bad Boys For Life (2020), si Martin Lawrence est toujours de la partie devant la caméra, Michael Bay passe la main au duo belge Adil El Arbi-Bilall Fallah.

Très sollicité à Hollywood, Will Smith est aussi à l’aise dans les rôles physiques que comiques, comme il le prouve avec le futuriste I, Robot (2004), adapté de l’oeuvre d’Isaac Asimov, et Hitch – Expert en séduction (2005), dans lequel il tombe sous le charme d’Eva Mendes. La même année, il se voit décerner un César d’honneur : une façon pour le cinéma français de saluer l’ensemble de sa jeune mais prolifique carrière.

L’année suivante, il entame une collaboration avec le réalisateur italien Gabriele Muccino, qui le dirige dans les drames intimistes A la recherche du bonheur – où il donne la réplique à son fils Jaden Smith et pour lequel il est nommé aux Oscars – et Sept vies en 2008. Entre temps, Will Smith s’illustre dans deux grosses productions. Dans l’adaptation libre du roman culte de Richard Matheson, Je suis une légende, il campe le dernier être humain sain face à une horde de vampires assoiffés de sang ; tandis que dans Hancock, il endosse le costume d’un super-héros alcoolique détesté de tous. 

Suite à Sept vies et en dépit de son incroyable constance dans le succès public, l’acteur se met considérablement en retrait du monde du cinéma, et ceci pour quelques années. Il faudra attendre 2012 et Men in Black III pour le retrouver devant la caméra. Il n’abandonne pas pour autant les studios puisqu’il produit le remake de Karaté Kid, porté par son fils Jaden, et Target de McG. Un choix de carrière étonnant vu sa formidable popularité, mais sans doute motivé par son envie de retrouver une vie de famille.

En 2013, il donne à nouveau la réplique à son fils pour le film SF d’aventure After Earth de M. Night Shyamalan mais ce récit d’apprentissage est un échec cinglant, aussi bien critique que public. Conséquence : le comédien se dirige vers des films plus modestes, à l’image du drame Seul contre tous (Concussion) et du thriller Diversion dans lequel il côtoie Margot Robbie.

En 2016, il retrouve celle-ci pour Suicide Squad, qui réunit les pires méchants de l’univers DC Comics. Censé créer l’événement, le long-métrage de David Ayer est un échec. Autrefois superstar de ses films, Will Smith doit désormais partager l’affiche avec d’autres comédiens, quitte à se faire voler la vedette (en l’occurence par Margot Robbie dans la peau de la délurée Harley Quinn). 

Peinant à retrouver son statut de star bankable, il reste dans le domaine de l’action avec Bright (2017), Gemini Man (2019) et Bad Boys For Life (2020). En 2019, l’exception Aladdin lui permet de renouer avec le succès passé : l’adaptation live du classique de Disney par Guy Ritchie dépasse le milliard de dollars de recettes mondiales.

En 2021, il remporte un BAFTA, un Golden Globe et le premier Oscar de sa carrière pour La Méthode Williams, qui retrace le parcours du père et entraîneur de Serena et Venus Williams. Une reconnaissance critique entâchée par un scandale lors de la 94ème cérémonie des Oscars : Will Smith gifle en direct le comédien Chris Rock après que celui-ci a fait une blague sur le physique de son épouse, Jada Pinkett Smith. Un geste commenté de toutes part et lourd de conséquences : l’acteur démissionne de l’Académie, anticipant la sanction des organisateurs, qui lui interdisent de participer à toute cérémonie des Oscars pour une durée de 10 ans. Le développement de plusieurs de ses projets, dont Bad Boys 4, est mis sur pause.

Emilie Schneider