[Acteur] Wallace Shawn (1943 - ?)

Il devient dramaturge et comédien depuis qu’il se produit, en 1977, dans La Mandragore de Machiavel (dans une version qu’il traduit lui-même) au Public Theater, dans une mise en scène de Wilford Leach. Parmi ses pièces les plus connues, nous pouvons citer Marie and Bruce, Aunt Dan and Lemon, The Fever, The Designated Mourner, Grasses of a Thousand Colors ou Evening at the Talk House.

Sa carrière cinéma débute en 1979, lorsque Woody Allen le choisit pour jouer Jeremiah, l’ex-mari de Diane Keaton dans Manhattan. Si Wallace a peu de scènes dans le film, son personnage est très présent dans les discussions qui précèdent son arrivée. C’est la directrice de casting Juliet Taylor qui lui propose de rencontrer le cinéaste après l’avoir vu jouer dans La Mandragore :

« Je suis allé voir Woody dans son bureau et je me souviens qu’il était monté sur une échelle et qu’il était en train de consulter des livres dans sa bibliothèque, en faisant à peine attention à moi. Il m’a demandé si j’avais des projets pour l’été. Je lui ai répondu non. Et c’est ainsi que s’est passée mon audition », se rappelle Wallace Shawn (propos tirés du dossier de presse de Rifkin’s Festival).

Le comédien natif de New York tourne alors à plusieurs reprises sous la direction de Woody Allen, toujours par le biais de personnages secondaires. Les deux hommes collaborent ainsi sur les longs métrages Radio Days (1987), Ombres et brouillard (1992), Le Sortilège du scorpion de Jade (2001) et Melinda et Melinda (2005).

Suite à sa prestation dans Manhattan, Wallace Shawn devient rapidement un visage connu. Après avoir incarné un dramaturge new-yorkais dans My dinner with André de Louis Malle, il multiplie, dans les années 1980, les seconds rôles, comme dans Les Bostoniennes, Hôtel New Hampshire, Crackers, Radio Days, Princess Bride, Prick Up Your Ears, The Moderns et Touche pas à ma fille.

Durant les années 1990, 2000 et 2010, il poursuit (principalement) dans le registre de la comédie, comme en témoignent ses prestations dans Les Veuves joyeuses, Vanya, 42e rue, Mrs. Parker et le cercle vicieux, Vegas Vacation, Mon martien favori, Southland Tales, Trop jeune pour elle, La Forêt contre-attaque, Vamps, Le Quatuor, Maggie a un plan, Le Book Club ou Marriage Story.

Parallèlement, Wallace Shawn mène une carrière de doubleur et prête ainsi sa voix à plusieurs personnages. Son plus connu est sans nul doute le dinosaure Rex dans la lucrative saga Toy Story. Il donne aussi de la voix pour Dingo et Max, Les Indestructibles, Chicken Little, Cendrillon & le prince (pas trop) charmant et La Famille Addams 2 : une virée d’enfer.

Depuis les années 1990, Wallace Shawn goûte aux joies du petit écran avec une cadence là encore impressionnante. On le voit ainsi dans Une Nounou d’enfer, Clueless, Homicide, Ally McBeal, Preuve à l’appui, Sex & the City, Stargate SG-1, Desperate Housewives, The L Word, Gossip Girl, The Good Wife, Mozart in the Jungle, New York Unité Spéciale ou Search Party.

Mais c’est sans doute dans Young Sheldon (2018 – 2022), une série dérivée préquelle à The Big Bang Theory, qu’il trouve son rôle le plus important. Wallace campe, dans cette sitcom centrée sur la jeunesse de Sheldon Cooper, l’excentrique professeur de physique John Sturgis, amoureux de Meemaw, la grand-mère maternelle du héros (jouée par Annie Potts).

En 2022, Woody Allen lui offre le rôle principal de son 50ème long métrage, Rifkin’s Festival. Il y campe un écrivain névrosé, sorte d’alter ego du cinéaste, accompagnant sa femme (Gina Gershon) attachée de presse au festival de Saint-Sébastien. Le réalisateur confie à son sujet : « Wally possède un vrai talent pour la comédie, tout en sachant rendre ses personnages poignants. »

« Mais surtout, c’est un véritable intellectuel. J’avais envisagé des acteurs qui étaient peut-être intellectuels, mais chez qui cela ne se ressentait pas. Du coup, je me suis demandé pourquoi ne pas carrément engager un comédien qui soit un vrai intellectuel. Dès l’instant où j’ai évolué dans ma réflexion, le nom de Wallace Shawn s’est imposé. »

Laurent Schenck