[Acteur] Peter Lorre (1904 - 1964)

Après avoir parcouru la Suisse, l’Autriche et l’Allemagne, Peter Lorre fait ses débuts devant la caméra d’Alexandre Volkoff en 1929 dans Le Diable Blanc. En 1931, Fritz Lang lui offre le rôle principal de son premier film parlantM le Maudit. Peter Lorre y incarne Hans Beckert, un psychopathe tueur d’enfants. Ce rôle restera le plus marquant de sa carrière.

Après avoir joué des seconds rôles dans divers films allemands, le comédien, d’origine juive, quitte l’Allemagne en 1933 à l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Il se réfugie à Paris où il tourne dans Du haut en bas de Georg Wilhelm Pabst puis à Londres où il fait la rencontre d’Ivor Montagu, producteur du film d’Alfred Hitchcock : L’ Homme qui en savait trop et qui lui offre le rôle du tueur balafré. Un an plus tard il retrouve le metteur en scène pour le long métrage Quatre de l’espionnage dans lequel il incarne Le Général.

En 1935, Peter Lorre émigre aux États-Unis afin de tenter une carrière hollywoodienne, Karl Freund lui offre alors le rôle du psychopathe dans Les Mains d’Orlac. L’année suivante le comédien décroche le rôle de Roderick Raskolnikov dans l’adaptation de Crime et Châtiment par Josef von Sternberg.

C’est à cette époque que l’acteur reçoit une invitation d’Adolf Hitler, ayant adoré sa prestation dans le film de Fritz Lang, à rejoindre, « malgré ses origines », la « glorieuse industrie du film allemand ». Peter Lorre refuse, précisant qu’il « n’y avait de la place en Europe, que pour un assassin de masse. » Un affront qu’Adolf Hitler ne pardonnera jamais puisque Peter Lorre figurait en troisième position sur la liste des personnes à abattre par les nazis.

De 1937 à 1939 l’acteur tourne une série de 8 longs métrages suivant Mr. Moto , un détective japonais machiavélique. Inspiré des histoires du romancier John P. Marquand les films sont réalisés par Norman Foster.

Devenu accro à la morphine à cause d’une appendicectomie s’étant mal déroulée le comédien se voit dans l’obligation de refuser des rôles, notamment Le Fils de Frankenstein.

En 1941, John Huston lui offre le rôle de Joel Cairo dans son film Le Faucon maltais, où il donne la réplique à Humphrey Bogart et Sydney Greenstreet.

Après son divorce avec Celia Lovsky en 1945, Peter Lorre épouse l’actrice allemandeKaaren Verne dont il divorcera 5 ans plus tard.

Dans les années 40, le comédien enchaîne les seconds rôles dans les productions hollywoodiennes à succès : Casablanca de Michael Curtiz, Intrigues en Orient de Raoul Walsh, Arsenic et Vieilles Dentelles de Frank Capra, Le Masque de Dimitrios de Jean Negulesco ou encore Casbah de John Berry.

En 1951, Peter Lorre s’essaie à la réalisation avec le long métrageL’ Homme perdu dans lequel il tient également le premier rôle. Se déroulant à la fin de la seconde guerre mondiale, le film suit un scientifique allemand qui décide de tuer sa fiancée lorsqu’il apprend qu’elle a livré ses secrets à l’ennemi.

Côté vie privée, Peter Lorre épouse en 1953 Annemarie Brenning avec laquelle il aura un enfant.

Dans les années cinquante il apparait au casting de plusieurs séries télévisées telles queStudio 57, The Red Skelton Show, Climax ! ou encore Alfred Hitchcock Présente. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière cinématographique en parallèle, puisqu’il apparait dans Plus fort que le Diable de John Huston en 1953, 20.000 lieues sous les mers de Richard Fleischer en 1954, Le Tour du monde en 80 jours de Michael Anderson en 1956 ou encore Le Cirque fantastique de Joseph M. Newman en 1959.

En 1963 il incarne le Docteur Adolphus Bedlo dans l’adaptation du Le Corbeau d’Edgar Allan Poe par Roger Corman, la même année il poursuit sur le registre fantastique avec Le croque-mort s’en mêle de Jacques Tourneur.

Si le comédien apparait au casting de nombreux longs métrages il ne retrouvera pour autant jamais de rôles aussi marquants que celui de Hans Beckert dans M le Maudit. En 1964 il tourne sous a direction de Jerry Lewis dans Jerry Souffre-douleur. Cette comédie marquera la dernière apparition au cinéma de Peter Lorre qui décède le 23 mars 1964 d’un accident vasculaire cérébral à l’âge de 59 ans.

Laëtitia Forhan